Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/261

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V***, dont la constitution athlétique avait besoin d’être réconfortée par une douzaine de bouteilles de vin à chaque repas. Napoléon avait fini par lui accorder une pension sur sa cassette particulière pour rétablir l’équilibre de son budget, dérangé par ces suppléments de boisson. Il y avait un dicton à l’École de Fontainebleau : c’est que le général V*" n’avait de la douceur qu’au moment des vendanges (à l’époque des vacances, lorsque les élèves étaient partis), et qu’il ne devenait bon enfant que dans les années de bonne récolte. Or, de 1807 à 1810, les récoltes furent très-peu brillantes, ce qui explique pourquoi l’humeur du général varia peu dans ce laps de temps, juste celui pendant lequel Antoine-Paul resta à l’École. Le général avait par-dessus tout la prétention d’être un cavalier hors ligne : « Le soleil, avait-il l’habitude de dire, ne m’a jamais vu par terre. — Pardon excuse, général, lui dit un jour un tambour, mais je vous ai vu désarçonné avanthier dans telle rue de Fontainebleau, même que c’est moi qui a ramené votre bidet. — Tu as dit vrai, tapin, reprit le général, mais ce jour-là il faisait de la pluie !… il n’y avait donc pas de soleil. » Le tapin resta anéanti ; il demeura convaincu que le général n’avait de pareilles réponses qu’à cause de l’élévation de son grade, et il rêva qu’il devenait général. Du reste, le commandant n’avait de faiblesses que pour les tapins ; c’étaient ses enfants gâtés ; il leur passait toutes sortes d’incartades. C’est que le commandant aimait le bruit avant