Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en favorisant dans Christine le goût des lettres et des sciences, en habituant ses oreilles au bruit du canon, il tenta de lui donner la force et l’énergie du sexe auquel elle devait commander.

Vains et tristes efforts ; la fille de Gustave-Adolphe ne dut à cette éducation qu’un caractère bâtard et ambigu, sans grandeur, sans grâce et sans dignité. En répudiant le costume de son sexe, elle en abdiqua toutes les nobles et délicates qualités. Elle n’apprit, dans les sciences et dans la société de l’illustre Descartes, qu’à railler la foi au nom de la raison, sans devenir en même temps capable de se placer au-dessus des exigences de l’opinion mondaine.

Reine, elle abdiqua ; philosophe, elle renia le protestantisme pour se convertir à la foi catholique ; juge, elle assassina. Telle est sa vie en quelques mots. Est-il rien de plus misérable et de plus insensé ?

C’est à son second voyage en France, en 1657, que le palais de Fontainebleau lui fut assigné comme lieu de résidence. La première fois qu’elle était venue visiter le Louvre, de grands honneurs lui avaient été rendus. Les ministres de Sa Majesté Très-Chrétienne avaient cru de leur devoir et de leur politique d’accueillir avec solennité l’apostat couronné d’une religion nouvelle qui leur causait tant d’émotion. Aussi, oubliant avec intention que Christine, en descendant les degrés de son trône, avait perdu tout droit aux honneurs que la cour rendait ordinairement aux têtes couronnées, ils la trailèrent