Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/268

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perser et à vaincre ; mais tous les troubles étaient apaisés à ce moment, et il n’eût pas été facile de ressusciter de vieilles querelles, alors qu’on voyait mademoiselle de Montpensier s’incliner humblement devant l’autorité d’Anne d’Autriche, et faire sa cour au cardinal, pour arriver par lui à contracter une alliance digne de son rang.

C’est le propre des grands caractères de savoir tout supporter, même les humiliations. Une âme vile et basse se venge sur les faibles des injures des forts. Ainsi fit Christine ; elle rongea son frein vis-à-vis la cour de France, contre laquelle toute attaque de sa part eût été impuissante. Seulement l’autorité qu’elle exerçait sur ceux dont elle était entourée dégénéra en une tyrannie cruelle et même barbare.

Quoique prisonnière à Fontainebleau, Christine y avait cependant une petite cour ; le château tout entier était habité par ses familiers et ses gardes.

Quand le jeune Louis XIV daignait visiter la reine de Suède, toute une compagnie de Suisses, habillés de gris, avec des hallebardes dorées, le recevait dans la cour d’honneur. L’escalier était garni de valets de pied et de pages également vêtus de gfis ; des gentilshommes enfin occupaient la salle et l’antichambre. Un capitaine des gardes et un grand écuyer, tous deux couverts de brillants uniformes, conduisaient vers leur reine l’hôte auguste qu’elle attendait toujours impatiemment.