Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par un geste tout-puissant. Sa main crispée semble retenir quelque chose au-dessus de l’espace, il l’ouvre à la fin ; puis, la ramenant vers la table — il prend la plume et la trempe dans l’encrier… Il signe… puis il se repose. Il est bien malheureux.

En ouvrant sa main crispée, il vient de lâcher le monde.

On n’entend plus qu’au lointain, et sonnant en mourant, les fanfares de la Chasse du Grand Veneur.

Mais voilà qu’un homme effaré, bouleversé, en délire, se fait violemment un passage à travers la multitude. II vient du palais, il quitte l’empereur, il demande un cheval, il veut fuir…

« C’est le docteur Yvan, disent les voix de l’étang ; sur un ordre absolu, il vient de donner du poison à Napoléon, et, comme épouvanté d’avoir obéi, il a hâte d’être loin de Fontainebleau.. »

En se frayant un chemin, le docteur passe près de moi, il me heurte, je chancelle, et je tombe la tête contre le parapet de pierre qui borde l’étang du côté de l’avenue de Maintenon…

C’est alors que je me réveillai.

Il paraît que, las de marcher, je m’étais assis sur un banc et que je m’y étais endormi ; j’avais passé la nuit là, et, comme les oiseaux, je rouvrais les yeux aux premiers rayons du matin

Le soleil apparaissait radieux du côté d’Avon, les