Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/298

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cette œuvre de son adolescence ; on le comprendra sans peine dès qu’on aura lu les vers suivants :

Forêt silencieuse, aimable solitude,
Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré !
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J’éprouve un sentiment libre d’inquiétude.
Prestiges de mon cœur ! je crois voir s’exhaler
Des arbres, des gazons, une douce tristesse.
Cette onde que j’entends murmure avec mollesse,
Et dans le fond des bois semble me rappeler.
Oh ! que ne puis-je, heureux, passer ma vie entière
Ici, loin des humains ! Au bord des frais ruisseaux,
Sur un tapis en fleur, dans un lieu solitaire,
Qu’ignoré je sommeille à l’ombre des ormeaux !
Tout parle, tout me plait sous ces voûtes tranquilles ;
Ces genêts, ornements d’un sauvage réduit…

J’en demande bie’n pardon à la mémoire de M. de Chateaubriand, mais il n’y a guère de « gazons » dans la forêt de Fontaineblau, et ses « solitudes » n’ont pas précisément ce qu’on appelle l’air « aimable. » Qu’il ait épronvéau milieu d’elles un « sentiment libre d’inquiétude, » je n’ai nulle peine à le croire, et, d’ailleurs, inquiétude fait une rime des plus riches à solitude. Mais j’ai beau chercher, dans cotte molle imitation de Delille et de Saint-Lambert, je ne trouve pas une idée, pas un