Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/319

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pourquoi voulez-vous me Uier ? Le meurtre est une chose abominable, condamné par les lois divines et humaines ; mais le meurtre d’un prêtre, c’est le plus grand de tous les crimes, c’est un sacrilège ; une seule goutte de sang d’un prêtre sur vos mains vous empêcherait d’entrer dans le royaume éternel. Il est écrit, monsieur Dinot : « Tu ne toucheras point à l’oint du Seigneur…. «

« — Point ! fit le père Dinot.

« — Il est écrit, continuai-je : « Tu ne toucheras point à l’oint du Seigneur. » Je voudrais avoir là ma Bible, je vous ferais voir le texte sacré. Ce sont les propres paroles de Dieu, monsieur Dinot. Or ces paroles s’appliquent aux prêtres comme aux rois, parce que le chef des prêtres reçoit une consécration aussi bien que les chefs couronnés.

« — Puisque vous êtes si savant, dit le père Dinot avec son flegme accoutumé, vous me direz bien lequel est le plus coupable de celui qui, dans une chaire, assassine une réputation, ou de celui qui, dans un bois, assassine une vie.

« — C’est vrai, monsieur Dinot, j’ai péché contre vous, j’en conviens : « Faux témoignage ne diras, » etc. Je conviendrai même, si vous y tenez, que je chante faux ; mais, tout prêtre que je suis, monsieur Dinot, je suis père de famille ; j’ai une sœur, veuve d’un gendarme, d’un brave comme vous, monsieur Dinot (le compliment fit faire au père Dinot une affreuse grimace),