Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mouillée de larmes. Pas un mot ne troubla le silence. L’impression était trop solennelle pour que des paroles tentassent de l’exprimer. Toute l’éloquence de cet adieu, reconnaissance et douleur, était dans les attitudes. Celle de l’empereur était digne du lieu, du rang, de l’acte, naturelle, triste et réfléchie. On voyait qu’il respectait son propre ostracisme, et qu’il repliait de ce palais quinze ans de gloire et de malheurs donnés à la France. Ce n’était plus comme la veille l’homme, c’était l’empire qui sortait. Il sortait avec la majesté d’un événement.

Il traversa à pas lents, suivi de ses surveillants et de ses amis, la longue galerie de François Ier. Il parut sur le palier du grand escalier. Il regarda un moment les troupes rangées en bataille dans la cour d’honneur et le peuple innombrable accouru des villes voisines pour assister à ce moment d’histoire et pour le redire à leurs enfants. Les sentiments étaient divers dans cette foule où le règne avait plus d’accusateurs que d’anus. Mais la grandeur de la chute dans les uns, la pitié pour les revers dans les autres, la décence et la circonstance chez tous, imposaient un silence unanime. Les insultes eussentété une lâcheté ; les cris de Vive V empereur ! auraient paru une ironie. Les troupes elles-mêmes éprouvaientquelquechose de plus solennel etde plus religieux