Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/366

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les honneurs du commandement. D’un geste il leur imposa le silence. Il s’avança jusqu’au front des bataillons ; il fit signe qu’il voulait parler. Les tambours se turent ; les armes immobiles, les respirations même suspendues, laissèrent entendre sa voix, répercutée par les hautes murailles du palais, jusqu’aux derniers rang de sa garde.

« Officiers, sous-officiers et soldats de ma vieille « garde, dit-il, je vous fais mes adieux. Depuis vingt « ans je vous ai constamment trouvés sur le chemin de « l’honneur et de la gloire. Dans ces derniers temps, « comme dans ceux de notre prospérité, vous n’avez « cessé d’être des modèles de fierté et de bravoure.

« Avec des hommes tels que vous, notre cause n’é « tait pas perdue, mais la guerre était intermina « ble ; c’eût été la guerre civile, et la France en eût « été plus malheureuse. J’ai donc sacrifié nos intérêts « à ceux de la patrie. Je pars… Vous, mes amis, « continuez à servir la France ; son honneur était « mon unique pensée, il sera toujours l’objet de mes c vœux.

« Ne plaignez pas mon sort ! Si j’ai consenti à me « survivre, c’est pour servir encore votre gloire. Je « veux écrire les grandes choses que nous avons faite tes ensemble… Adieu, mes enfants ! Je voudrais « vous presser tous sur mon cœur… Que j’embrasse au « moins votre général, votre drapeau !… »

Ces mots attendrirent les soldats. Un frémissement