Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/43

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La campagne à présent semble reprendre haleine…
De ses derniers rayons, qni traversent la plaine,
Teignant les sommets verts des bois de pourpre et d’or.
Le soleil se retire et la forêt s’endort..

0 tranquille forêt ! dans ta mélancolie
J’aime à baigner mon cœur… Là, je rêve et j’oublie…
Tout ton passé renaît : — dans les lointains des bois
S’effacent enlacés des dames et des rois…
(les hêtres frissonnants, dans leur ombre sereine,
Ont vu Mohaldeschi passer avec sa reine !…
Des légendes d’amour, des ballades de’mort.
Des poèmes vécus, se déroulent encor !…
Ces arbres du passé qui frémit dans leurs cimes,
Savent bien des amours, sans doute, et bien des crimes !…
L’ombre de leur feuillage a bien souvent passé
Sur le front d’un poète ou d’un roi trépassé !…

Là-bas, sous ce grand arbre, au pied d’une colline,
Lantaiu garde encor ses troupeaux et dessine…
Les prés et les vallons, les bois, sont pleins d’espoir…
Il passe son enfance à regarder, à voir !…
11 sent le germe, en lui, qui doit devenir chêne !…
Il hume la forêt et boit dans son haleine