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LA FORÊT ET LA MER
SONNET
— O mer ! vierge indomptée, ô bois, sombres ramées !
Quand je vois vos splendeurs, un prompt frissonnement
Envahit tout mon corps comme un désir d’amant ;
— La mer et la forêt sont mes deux bien-aimées !
Là, mes pères normands ont vécu librement,
— Par le souffle d’Odin, races enthousiasmées ; —
C’est leur âme qui pleure aux grèves embrumées ;
Dans les pins, c’est leur voix qui chante tristement !
— Aussi, quand je suis las des horreurs de la terre.
Vers les flots, vers les bois, — sauvage et solitaire,
Je cours me retremper dans leur isolement ;
Et, devant ma beauté, — prosterné, — loin des haines,
Je contemple la mer avec recueillement ;
— Ou je baise d’amour l’écorce des grands chênes !
JULES VIARD.