Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/92

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et dont pourtant je suis encore le cavalier plus qu’il n’est le mien. Nous nous risquons sur toutes sortes de bêtes, ânes et chevaux plus ou moins civilisés qui nous portent, sans se plaindre, de sept heures du matin à cinq ou six heures du soir, au hasard de la fantaisie. Nous ne prenons pas de guides et nous n’avons même pas un plan dans la poche. Il nous est indifférent de nous éloigner beaucoup, puisqu’il est difficile de se perdre dans une forêt semée d’écriteaux. Nous nous arrangeons pour ne rencontrer personne, en suivant les chemins les moins battus et en découvrant nous-mêmes les sites les moins fréquentés. Ce ne sont pas les moins beaux. Tout est beau ici. D’abord les bois sont toujours beaux, dans tous les pays du monde, et ici, ils sont jetés sur des mouvements de terrain toujours pittoresques quoique toujours praticables. Ce n’est pas un mince agrément que de pouvoir grimper partout, même à cheval, et d’aller chercher les fleurs et les papillons là où ils vous tentent. Ces longues promenades, ces jours entiers au grand air sont toujours de mon goût, et cette profonde solitude, ce solennel silence à quelques heures de Paris sont inappréciables. Nous vivons d’un pain, d’un poulet froid et de quelques fruits que nous emportons avec les livres, les albums et les boîtes à insectes. Quelles noctuelles, quels bombyx endormis et comme collés sur l’écorce des arbres 1 Quelles récoltes ! et quel plaisir de les étaler le soir sur la table ! Nous ne connaissons