Page:Luchet - Le Vicomte de Barjac, Tome I.djvu/49

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le rare & délicieux secret d’inviter la pudeur où tant d’autres la croient gênante. Il sembloit qu’on avoit toujours deviné le moment de ses desirs. Pendant les calmes, le sentiment le plus vrai & le plus tendre persuadoit qu’on avoit tout accordé au cœur, & rien à la nature. Le Vicomte n’étoit pas encore assez avancé pour analyser ces gradations ; il jouissoit avec ivresse, sans connoître la cause de son bonheur. Car enfin, quelques efforts que l’on fasse pour spiritualiser l’amour, il faut avouer que le desir le fait naître, que le plaisir l’alimente, & que l’art de jouir le fixe entre deux êtres qui adorent ensemble le dieu charmant.