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Sans le savoir, au début de la Semaine d’Amour, Aurel prononce une parole de soufi, une parole qui est la base même de l’enseignement des Derviches Mewlewi, les seuls vrais penseurs qui soient demeurés en Orient.

Aurel dit :

Pour me lire comme il le faut, il te suffit d’avoir aimé fut-ce un nourrisson, fut-ce un chien.

Les Derviches Mewlewi, quand un adolescent se présente chez eux pour entrer dans leur couvent, lui demandent d’abord :

— As-tu déjà aimé quelqu’un ?

Si le garçon répond Non :

— Quel est ton métier, mon enfant ?

— Je suis savetier… ou étudiant en droit musulman…

— Alors retourne à tes savates… Ou retourne à ton droit. Tu ne seras jamais un Derviche.

Pour le Soufi comme pour Aurel, l’instinct d’aimer est le premier échelon, de cette mystérieuse de Jacob qui, mène jusqu’à l’Esprit. Et certes Platon, dont procèdent les Derviches Mewlewi… et Aurel, suivaient bien la même donnée, lui qui proposait à ses disciples de commencer