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Alexandrie

En 1910 il fallait cinq longs jours pour aller de Marseille à Alexandrie. J’en étais bien aise. Mes traversées ne durèrent jamais assez longtemps pour me satisfaire. Celles que, beaucoup plus tard, j’ai faites seule, (Amérique du Nord puis Amérique du Sud), ont encore été trop courtes pour mon goût.


1910… Depuis que nous nous attardions en France, il n’était que temps de repartir.

Heureux de me faire les honneurs de son pays natal, J. C. Mardrus m’annonçait que nous y resterions assez longtemps. Je ne demandais pas mieux. Aller voir les Pharaons sur leur propre terre, c’était prodigieux. L’Islam disparaissait presque devant les millénaires dont la seule évocation me troublait comme elle en trouble tant d’autres. Égypte. Rien que ce mot suffit, il me semble, pour donner un frisson dans le dos.


Notre arrivée dans le port d’Alexandrie eut toutes les apparences d’une prise d’assaut par une bande de corsaires. Les portefaix musulmans, à cette époque, grimpés à bord avant l’arrêt du paquebot, l’envahissaient dans