Page:Lucien - Œuvres complètes, trad. Talbot, tome I, 1866.djvu/453

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mots, je laisse là cette femme tout enchaînée, je monte sur le toit, et je crie de toutes mes forces pour appeler mes compagnons. Quand ils sont tous arrivés, je leur dis ce qu’il en est, je leur montre les ossements et je les conduis auprès de ma prisonnière ; mais elle se change en eau et disparaît. De mon côté, je plonge mon épée dans cette eau, à tout hasard, et il en sort du sang.

47. Nous nous hâtons alors de regagner le navire, et nous partons. Au point du jour, nous apercevons un continent, qui nous paraît être la terre opposée à la nôtre : nous l’adorons, nous lui adressons des prières, et nous délibérons sur le parti que nous devons prendre. Les uns sont d’avis d’y descendre quelques instants, puis de revenir sur nos pas ; les autres, de laisser là notre navire et de pénétrer dans l’intérieur du pays, pour en connaître les habitants. Tandis que nous délibérons, une violente tempête s’élève, pousse notre vaisseau contre le rivage et le brise. À peine avons-nous le temps de nous sauver à la nage, en emportant nos armes et tout ce que chacun de nous peut saisir. Telles sont, jusqu’à notre arrivée à cette nouvelle terre, mes diverses aventures sur mer, durant notre navigation à travers les îles, en l’air, dans la baleine ; puis, après notre sortie, chez les héros et parmi les Songes, et enfin chez les Bucéphales et les Onoscèles. Quant à ce qui s’est passé sur cette terre, je le raconterai dans les livres suivants