Page:Lucien - Œuvres complètes, trad. Talbot, tome I, 1866.djvu/519

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
483
DE LA DANSE.

contient une leçon de danse : « En avant, disent-ils, jeunes gens, allongez la jambe et divertissez-vous bien, c’est-à-dire dansez le mieux possible ! »

[12] On en fait autant dans la danse appelée le Collier[1]. C’est, en effet, une sorte de ballet commun aux garçons et aux filles, qui dansent un par un, en se tenant de manière à dessiner un collier. Le cercle commence par un garçon qui saute en jeune homme et comme il devra plus tard le faire à la guerre ; puis vient une jeune fille, qui fait des pas modestes et qui montre comment les femmes doivent danser, de sorte qu’on peut dire que le collier représente l’union de la force et de la modestie. Les gymnopédies[2] sont une autre espèce de danse semblable, usitée chez les Lacédémoniens.

[13] Quant à ce que dit Homère[3] au sujet d’Ariadne, dans sa description du bouclier, et du chœur que Dédale avait organisé pour elle, je ne t’en parle point, car tu dois l’avoir lu ; je passe encore sous silence ces deux danseurs qu’il appelle faiseurs de culbutes, et qui conduisent le chœur ; je ne parle pas non plus de cet autre passage du bouclier :

        Des jeunes gens dansaient en tournant sur eux-mêmes,

où le poëte semble louer Vulcain d’avoir représenté ce qu’il y a de plus beau. Il était encore tout naturel qu’Homère représentât les Phéaciens amis de la danse, puisque c’était un peuple vivant dans la délicatesse et jouissant d’une entière félicité. Aussi le poëte dit-il qu’Ulysse admira principalement le mouvement rapide de leurs pieds[4].

[14] En Thessalie, l’exercice de la danse était en si grande estime, que l’on y donnait le nom de proorchestres[5] aux magistrats et aux généraux. Ce fait est exprimé par les inscriptions des statues élevées aux hommes illustres. « La ville, dit l’une d’elles, a choisi un tel pour son proorchestre ; » et une autre : « Le peuple a élevé cette statue à Elation pour avoir bien dansé un combat. »

[15] Je n’ai pas besoin de te dire qu’on ne saurait trouver d’anciennes initiations qui n’aient été accompagnées de la danse. Ainsi Orphée et Musée, les plus excellents danseurs de leur épo-

  1. Proprement Hormus, du grec ὅρμος.
  2. Voy. Athénée, l. c.
  3. Iliade, XVIII, v. 590. Cf. Odyssée, IV, au commencement.
  4. Odyssée, VIII, v. 264.
  5. C’est-à-dire qui danse à la tête des autres.