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LE MAL DES ARDENTS

Mais ne te rends-tu pas compte que tu es un être unique, tellement riche de moyens que tu ne t’assouvis jamais. Douze heures de jour t’offrent douze heures d’excitation intellectuelle ou sentimentale variées. Et tu trouverais ton bonheur n’importe où car il est en toi. Tandis que pour nous !

— Ils apprendront, va, ne t’inquiète pas.

— Et les parents ?

— Laissons les parents, Marc. Et puis nos camarades ne sont pas encore partis ; pas vrai ? attendons…

Ils n’attendirent pas longtemps. On se rappelle cette surprenante série d’évasions dont le Lycée Janson de Sailly fut le siège en Juin 1907. En trois semaines une vingtaine d’élèves disparurent. Ils déjouaient toutes les précautions et la plupart demeurèrent introuvables. Certains cependant furent surpris dans les ports au moment où ils allaient s’embarquer. Un autre, arrêté à la frontière espagnole, trompant la vigilance des gardiens, s’échappa et se blessa grièvement en tombant dans la montagne. L’opinion s’était émue, on fit des enquêtes qui naturellement ne pouvaient aboutir à rien. Olivier et Marc venaient de passer brillamment leurs examens. Ils se préparaient à goûter de tranquilles vacances. Ce fut à ce moment qu’on interpella le gouvernement sur ce qui fut appelé l’épidémie d’évasions.

Le ministre lut à la tribune un rapport du Proviseur qui attribuait une part de responsabilité au nommé Olivier Régis, élève d’une tenue disciplinaire parfaite et d’une