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LE MAL DES ARDENTS

L’oncle Clavenon allait mieux, une grippe maligne tout à fait finie ; seulement il restait faible : pas de sorties ni d’imprudences.

— Croyez-vous, Mademoiselle, qu’il puisse faire un petit travail urgent de comptabilité ?

— Mais oui, Monsieur Rabevel, cria une voix enrouée à travers la cloison. Entrez donc si vous ne craignez pas les microbes.

Et quand Bernard fut dans la chambre :

— De quoi s’agit-il ?

— Il me faudrait un état complet des pièces de caisse suivant les bordereaux du mois dernier.

— Eh bien ! Monsieur, faites moi envoyer ces bordereaux et je vous ferai ça tout de suite. Pour quand vous le faudrait-il ? Pour après-demain ? Ah ! diable ! Alors envoyez-moi les bordereaux ce soir… Mais il n’y a plus personne au bureau pour faire les courses à cette heure-ci. Eh bien ! Isabelle viendra les chercher. Veux-tu, petite ?

— Mais oui, fit la jeune fille. Je vais mettre mon chapeau. Rabevel la considéra ; elle était blonde, d’un visage tout enchanté d’une intelligence riante et de la pureté de son cœur. Il observa qu’Olivier la regardait aussi. Hé ! hé ! se dit-il, c’est de son âge.

Ils revinrent à pied le long des quais que le couchant parait de roses et de violettes. Ils marchèrent d’abord en silence les yeux fixés sur cette eau rapide qui allongeait auprès de la rive les herbes flottantes. Puis la jeune fille