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LA FIN DE RABEVEL

Jean allait atteindre ses douze ans et à peine savait-il lire : « Travail moyen, conduite bonne, intelligence médiocre, fait ce qu’il peut ». Quelle rage humiliée possédait le père qui lisait de telles notes ! Quelle rage impuissante, de celles qui le secouaient, le faisaient tour à tour blêmir et noircir et le laissaient finalement écœuré, écumant et sans force !

Cette liberté peu à peu revenue ouvrait l’espace à son imagination. Les préoccupations des affaires se retiraient comme des eaux d’inondation et dans cet espace longtemps recouvert se montraient de nouveau les êtres qui n’avaient jamais cessé de le solliciter sourdement mais qu’il n’avait jamais consenti à entendre ; à leurs voix, à celles d’Angèle et d’Olivier, se mêlaient les lamentations contraires de Reine et de Jean. En vérité nul ne l’appelait, nul ne lui demandait de changer un iota à sa conduite mais, lui, il voyait maintenant avec une netteté totale que le souvenir de sa maîtresse le sollicitait d’autant plus vivement que ni sa femme ni leur enfant ne lui donnaient ce qu’il en avait attendu. Et puis, il avait aussi une affaire à régler avec le père Mauléon ; il se félicitait maintenant d’avoir engagé celui-ci dans cette affaire séduisante dont il présentait dès cette époque les complications et les difficultés. Le malheureux, les doigts pris dans l’engrenage, n’avait plus pu s’en tirer ; il mangeait son temps et dépensait son bien en démarches, en essais ; à plusieurs reprises, Bernard lui avait avancé de l’argent, lui avait fait signer des traites avait dû consentir à les renouveler. La distribution d’élec-