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LA FIN DE RABEVEL

effet de les éloigner et de permettre à Angèle de respirer. Le vieil armateur laissait en effet des affaires fort compliquées à régler et où ses intérêts se mêlaient inextricablement sur bien des points à ceux de Bernard. Celui-ci dut courir les notaires, consulter les associés, voir madame Bordes et Pauline qui héritait de nombreux titres. Rabevel trouva dans cette jeune femme une personne attristée, correcte et digne. Il eut vite appris que dans diverses sociétés dont l’armateur détenait de gros paquets de titres, c’était elle désormais qui allait disposer de l’appoint qui faisait les majorités. Il lui fut évident que les groupes se disputeraient ces titres à coups de billets de banque. Il se mit en avant, la pria de ne pas traiter avant de l’avoir avisé. Le jeune Poulétous le tenait au courant : la concurrence était grande, Pauline ne se hâtait pas de se décider. « Il me semble tout de même que vous avez des chances, vous. Au fond, c’est une sentimentale, cette femme. C’est par le sentiment que vous la tiendriez… Pourquoi ne pas lui raconter votre liaison avec Viviane ? Elle aimait bien sa sœur… » Cette combinaison assez machiavélique n’était pas pour déplaire à Bernard et il résolut de la tenter.

Un soir qu’il était chez elle et avait vainement essayé de vaincre son indécision, il en prit son parti. Il se mit à la regarder si fixement qu’elle finit par lui dire d’un accent troublé :

— Qu’avez-vous donc, Monsieur Rabevel, à me regarder ainsi ?