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LA FIN DE RABEVEL

titres : « Réflexion faite, avait-elle dit, je les garde ; vous me conseillerez pour les gérer puisque nous sommes maintenant de bons amis.

— Si bons amis que cela ?

Elle n’avait pas répondu, le serrant contre lui…

Quelques heures après, elle achevait de raconter l’aventure à Poulétous nu dans son lit : « Et il se croit malin, le zigoto, disait-elle, avec un gros accent faubourien en se tapant les cuisses. Il a cru m’avoir à la suite de savantes combinaisons. Il ne se doute pas que je le guette depuis cinq ans, depuis que le vieux singe commençait à faire sa malle. Crois-tu, mon petit, il est convaincu, dur comme fer, que Viviane a existé et que nous étions jumelles. Ce qu’ils peuvent être marrants, les hommes ! Attends un peu, comme je vais te le faire danser ce frère-là ! Et quand il saura que je connais sa femme ! »

— Tu vas le lui dire ?

— Mais, mon petit, il faut bien ; pas tout de suite, je vais d’abord me rendre indispensable. Après ça je lui avouerai que je suis Balbine Vassal. Au fond il en sera fier ; je serai la femme honnête, la femme de son monde, qui a commis une faute bien sûr, mais enfin qu’on peut recevoir, qui a été présentée à Madame Rabevel. Ça lui paraîtra même commode. Ah ! tu sais, les plus malins ne le sont guère !

La catin ne se trompait pas. Rien de plus naïf que certains hommes, même les plus experts, dès qu’ils sont entre les