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LA FIN DE RABEVEL

— Volontiers.

Le ciel et la terre semblaient déserts.

— Ce pauvre Bernard devient un démon, dit Noë en prenant le bras d’Olivier. La haine, l’amour, la crainte poussés au paroxysme dans cette seule âme, je ne sais quel désir de sang, quelle abjecte velléité de crime, cet ensemble de force et de sentiment ne peuvent appartenir qu’à un fou. Ne sentez-vous pas cela ? À quel moment la secousse d’une telle créature va-t-elle déchaîner ses sentiments effrénés ?

« Car n’en doutez pas, Rabevel se complaît dans ces imaginations farouches. La seule chose qu’il regrette de ces cauchemars c’est qu’ils n’aient pas de réalité.

Des pas les firent retourner ; tout le monde avait quitté le salon. Marc les rejoignit ; et comme Noë lui demandait ce qu’il pensait de Rabevel :

— Qu’en dire ? répondit-il. Est-il autre chose que le vague reflet de sa terrible maîtresse ?

Ils retrouvèrent le groupe.

— Ce sera, dit Marc à son hôte, une de nos dernières soirées, car je compte partir prochainement pour l’Égypte et vous savez que j’emmène notre Océanien ?

Balbine eut dans l’ombre un sursaut qu’on ne vit point.

Elle s’était jusqu’à ce jour contentée de faire à Olivier cette cour à peu près muette qui lui avait si bien réussi avec Rabevel ; elle le sentait nerveux et troublé : allait-il la quitter au moment où les chances lui apparaissaient