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LA FIN DE RABEVEL

remords de ne m’avoir pas secouru plus tôt. » Il voulut essayer d’attaquer la question qui lui tenait au cœur, mais Bernard lui coupa la parole en riant : « Rien du tout ici, dit-il, rien qu’un bon déjeuner. Évidemment nous ne serons pas aussi bien traités que par la tante Rose, mais nous ferons de notre mieux pour que vous ne regrettiez pas trop la Commanderie pendant votre séjour. Quant aux affaires nous verrons cela tout à l’heure à mon bureau. Pour l’instant, à table. » Cependant le petit Jean était venu chercher Olivier très intimidé et tous deux s’installaient à l’office aux soins de la Miss qui servait à l’enfant de gouvernante, de femme de chambre et de répétiteur. Un instant après, Marc invité spécialement venait les rejoindre sous la conduite d’Eugénie qui se présentait rougissante comme une jeune fille tandis que les enfants heureux de cette réunion anormale qui avait des airs de fête et de liberté entreprenaient des bavardages éloquents.

— Ah ! ma tante, dit Rabevel, tu ne connais pas Angèle, toi ; c’est une amie de toujours pourtant. Nous nous tutoyions étant enfants. Maintenant, tantôt on se laisse aller à ce tutoiement, tantôt on se retient. On devient timides avec l’âge.

— Mais, dit Eugénie, je me souviens très bien de vous, Madame, je vous ai souvent vue de ma fenêtre quand vous rentriez de l’école. J’ai même deux souvenirs très précis : le premier c’est que vous aviez un cartable en cuir vert. Est-ce vrai ?