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LA FIN DE RABEVEL

Le bonhomme douta s’il avait bien entendu.

— Voyons, dit Bernard, croyez-vous que je vous laisserai noyer si je peux vous sauver ? Ah ! ajouta-t-il, prévenant un geste de reconnaissance de Mauléon, pas de gratitude anticipée. L’affaire est embrouillée, se présente très mal : on ne peut être encore sûr de rien. Mais enfin, on peut certainement éviter la faillite ; ou, alors, c’est que Bernard Rabevel et Cie n’aurait plus aucun crédit.

Il prononça son propre nom avec une superbe involontaire où déjà l’on sentait s’annoncer et poindre l’orgueil, vice essentiel de la quarantaine proche, père de tous les autres vices de cet âge.

— Quand viendrez-vous ? interrogea Mauléon.

Il réfléchit ; il fallait qu’Angèle eût le temps de macérer…

— Pas de danger avant six mois, dit-il, donc cela nous donne jusqu’à Novembre.

Mais Angèle le devinait.

— Venez plutôt en Septembre, la saison est belle à la Commanderie.

— « Elle joue mon jeu » se dit-il, ravi. Il consulta son agenda ; rien de prévu pour cette époque ; il réfléchit encore ; ma foi, c’était celle qui convenait le mieux. Eh bien ! il acceptait, c’était dit et réglé, entendu ; la première quinzaine, n’est-ce pas ?

— Très bien, dit Angèle et j’en suis d’autant plus contente que François sera là à ce moment.

— La fine mouche ! » pensa-t-il vexé mais amusé tout