Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
LE MAL DES ARDENTS

fermeté de cette paix subitement reconquise et adressa à Dieu des actions de grâces ferventes auxquelles elle joignit les siennes avec un redoublement d’humilité et de contentement ; l’ombre de déception avait fui et il ne restait qu’une bonne chrétienne, simple, candide, et froide ; une servante inaccessible du Seigneur.

Le 28 Août, une lettre de Rabevel annonça son arrivée pour le 2 Septembre. « Nous le logerons dans la même chambre que la dernière fois » dit Mauléon. Ce même jour un arrêté du Préfet fut affiché à la mairie et annoncé à son de trompe ; en raison d’une épidémie qui courait les campagnes, il était ordonné de procéder à la désinfection de tous les locaux. Un service départemental se chargeait des opérations. Le maire demandait à ses administrés de se concerter et de s’entendre pour une hospitalité mutuelle pendant la durée de ces opérations.

— Voilà qui va bien nous déranger, dit Mauléon à Angèle. Si tu reviens chez nous, nous ne pourrons pas loger Rabevel. Où mettrions-nous ton frère et sa femme ?

— Il est pourtant nécessaire de s’arranger ; sans doute serait-il froissé si on l’envoyait à l’hôtel ?

— Ce serait inadmissible, dit le jeune Mauléon ; il n’y a qu’une solution, c’est que je retourne pour quelques jours avec ma femme chez mes beaux-parents ; ils n’en seront pas fâchés. Qu’en penses-tu ? ajouta-t-il en s’adressant à sa femme.

— Mais oui, dit celle-ci, une paysanne accorte et tou-