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LE MAL DES ARDENTS

— Moi aussi, je vous remercie.

Il se contenta de baiser sa main sans la regarder et sans mot dire.

— Nous allons revenir, tout à l’heure, fit Mauléon pour le rendez-vous avec les créanciers. Pourvu que ça se passe aussi bien ! » Il était tremblant de joie et d’espoir. Bernard lui dit à voix basse comme ils rejoignaient Me Samin resté devant la porte : « Donnez cinquante francs à l’huissier pour l’indemniser de son dérangement et congédiez-le tout de suite ; il faut qu’il ait le temps d’aller bavarder avec vos créanciers qui doivent baguenauder déjà dans les rues ; il les préparera, sans s’en douter, mieux que personne, à ce que nous leur dirons. »

Il ne se trompait pas. Quand, à six heures, ils rentrèrent à la maison, les quelque vingt personnes qui causaient en groupes devant la porte leur firent des saluts empreints d’une considération qu’ils n’eûssent pas témoignée la veille à Mauléon. Celui-ci les fit entrer dans la grande cuisine où furent apportées toutes les chaises de la maison. Bernard l’avait voulu ainsi ; la tante Rose s’empressait autour des fourneaux qui dégageaient une odeur appétissante. Le financier prétendait que le contentement de l’estomac étouffe toutes les revendications. Il se rappela tout d’un coup une scène analogue à Cantaoussel, quatorze ans auparavant ; là, s’était décidée la grande affaire de sa vie…

« Messieurs, dit-il avec bonhomie, ni Mauléon ni moi n’aurions eu l’idée de vous faire entrer dans cette cuisine