toute pleurante qui va sur ses onze ans. Voilà comment les malheurs arrivent, mon pauvre monsieur ».
Rabevel eut quelque peine à cacher son trouble.
— Et qui est ce monsieur ?
— C’est mon jeune frère ; Clavenon, qu’il s’appelle ; de mon nom de jeune fille comme de juste. Il a trente-cinq ans et il est instituteur, veuf sans enfant. Alors il a pris la petite Isabelle et il l’élève.
— Et qu’est devenu Paulin ?
— Mort, Monsieur, d’épuisement et de honte. Voilà ce qu’a fait votre sale Blinkine en me ruinant. C’est irréparable.
Le train s’ébranlait. Rabevel tira sa carte, la tendit à la veuve :
— Dites à votre frère de m’écrire ; j’ai besoin d’un homme de confiance pour la caisse chez moi ; je lui ferai une bonne situation.
Il était tout bouleversé. Comme les évènements s’enchaînaient terriblement ! La morale naturelle n’était donc pas si conventionnelle ni si vaine qu’il put suffire dans ce monde tellement coordonné d’une infraction vénielle à cette morale pour que se produisissent au loin, par des répercussions mystérieuses, des conséquences mortelles ? L’idée de sa responsabilité le tracassa longuement ; peu à peu cependant elle s’atténua et elle avait disparu tout à fait quand il arriva à Paris.
Il occupa ses loisirs de septembre à préparer le nid qu’il