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LE FINANCIER RABEVEL

au marché à la ferraille du matériel semblable hors d’usage qu’il comptait présenter comme étant celui de Blinkine ; un fournisseur complaisant lui avait, par contre, facturé fictivement le matériel de Blinkine encore en bon état et dont il se servait). Sur la dépossession dont ils avaient été victimes ? Bernard pouvait démontrer qu’il n’avait jamais été l’employé de Blinkine-Mulot ; n’avait jamais touché un sou d’eux et n’avait donc fait qu’user du droit de concurrence en obtenant des propriétaires des terrains qu’ils renouvelassent à son propre nom les baux précédemment établis au nom de ses adversaires. Rabevel se sentait donc à peu près tranquille. Le pis qu’il eût à craindre était un procès dont l’issue lui serait favorable certainement, mise à part une concession fatalement faite à Mulot-Blinkine. Pour le moment, tout marchait à peu près ; mais, par suite de l’échelonnement des paiements, des frais généraux, des salaires avancés et de l’indolence des clients, point d’argent disponible. Il fallait coûte que coûte obtenir une avance de banque ; pas d’autre solution qu’Orsat. « Adieu, Angèle » dit-il à haute voix avec un soupir devant le comptable stupéfait. Et dans l’après-midi, il se rendit chez celui que, d’ores et déjà, il considérait comme son beau-père,

Comme il s’y attendait, Reine était seule ; il lui remit une gerbe de roses blanches et tandis qu’elle les admirait, il lui demanda : « À quoi songez-vous ? »

— À rien, dit-elle et sa joue devenait cerise.