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LE FINANCIER RABEVEL

au-dessous. Cela se comprend ; une telle affaire n’est point de spéculation. Sa trésorerie doit être au large, son argent doit servir à autre chose qu’à des opérations financières. Une société d’affrêtement ne doit pas être dans la main de banquiers. Voilà une vérité d’ordre général, voilà ce que devrait dire votre collaborateur. Si beau que soit le fruit, dès que le ver s’y montre, il est gâté. Le ver ici est visible.
 « Naturellement, ce que je dis pour cette société pourrait être dit pour d’autres. Depuis des années, je me fais une sorte de philosophie des affaires. Les entreprises périclitent toujours pour les mêmes causes qui se ramènent toutes à une dizaine de types généraux. Ce sont ces types que vous devriez rechercher et indiquer. »

Ces quelques lignes furent l’origine d’une controverse qui eut un grand retentissement. Nombreux les banquiers, nombreuses les sociétés qui, ayant appliqué à leur propre cas les paroles du collaborateur inconnu, y contredirent véhémentement. Les journaux furent remplis d’une polémique où financiers, économistes et politiciens s’expliquèrent. Les grands quotidiens publièrent eux-mêmes sous le titre : « La discorde au camp d’Agramant » ou « À quelle sauce l’Actionnaire désire-t-il être mangé ? » ou sous d’autres titres plus ironiques encore, un résumé de la discussion avec la reproduction de l’article qui avait déchaîné le tapage. Déplorable publicité pour Bordes et Cie. Le titre de cette société se mit aussitôt à baisser.

Impartial, le Conseiller inséra, quelques jours après, une