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LE MAL DES ARDENTS

des épaules et du cou ; elle se retira aussitôt, revint couverte d’un peignoir.

— Que dites-vous de ce spectacle, Monsieur le Parisien ? lui demanda-t-elle.

— C’est prodigieux. Mais je ne me rends pas bien compte de ce qui se passe, ce paysage me paraît ensorcelé ; on se croirait suspendu dans le vide ; je ne vois pas de route ; pourtant nous avons contourné la colline, n’est-ce pas ? d’ailleurs je reconnais bien le moulin tout en bas et puis, là, cette ruine sur son piton.

Elle se mit à rire.

— Belle devinette, hein ? pour un citadin qui n’a jamais couru dans les montagnes ; à cet endroit, le rempart est bâti sur une roche qui surplombe et redescend ensuite verticalement sur une cinquantaine de mètres ; puis la pente douce commence ; c’est au flanc de cette pente que passe la route que nous avons prise et que nous ne pouvons pas voir puisque notre rocher la dépasse horizontalement, se trouvant en balcon de plusieurs mètres. Tenez, s’écria-t-elle, regardez.

Un oiseau fauve partit à leurs pieds, tombant comme une flèche rapide, les ailes serrées, puis il se déploya, commença de grands cercles, une spirale lentement descendante et fondit tout à coup sur la vallée.

— On niche avec les faucons, vous voyez !

— C’est égal, dit Bernard, mesurant la profondeur, quelle belle cabriole à faire !…