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LE MAL DES ARDENTS

mêmes avaient tout leur disponible en titres de société dont ils étaient administrateurs et qu’ils ne pouvaient guère liquider sans risquer de perdre des majorités péniblement réunies.

Ces huit cent mille francs de la compagnie Vénézuelienne leur étaient donc maintenant devenus nécessaires pour payer le Département et s’emparer de cette affaire des asphaltières qui promettait de si beaux profits, pour traiter avec les Chantiers de l’Atlantique et remonter le crédit défaillant de la Cie Bordes. Ils supputèrent de nouveau la valeur de ces affaires. « Il faut savoir s’amputer au bon moment, dit Mulot, il faut coûte que coûte enlever l’affaire des voiliers, dussions-nous les abandonner à dix-sept-cent mille francs au lieu de deux millions ». — « Jamais Bordes ne marchera, l’Assemblée générale non plus, surtout avec ce sacré roquet de Bernard ! » — « Nous l’avons mal jaugé celui-là, gronda Mulot, avec tout de même une pointe d’orgueil ; il nous coûtera cher ! Que faire ? Faut-il tout lâcher ? » — « Vous n’y pensez pas ! » — « Alors, plus d’hésitation. Les asphaltières et le renflouement de Bordes représentent pour nous plus de trois cent mille francs, n’est-ce pas ? » — « Ce sont les affaires de notre existence, mon cher, vous savez bien. » — « Eh bien ! il n’y a qu’à traiter à dix-sept-cent mille et à mettre les trois cent mille de notre poche si Bordes ne marche pas. Ces trois cent mille n’étant exigibles que dans un an on les aura récupérés d’ici lors. » — « C’est dur tout de même », dit Blinkine.