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LE MAL DES ARDENTS

Monsieur Orsat devait venir le prendre avec sa fille au sortir d’il ne savait plus quelle exposition. Il achevait de se préparer quand ils arrivèrent. La jeune fille l’enveloppa l’un regard admiratif ; lui aussi, il la trouvait belle. Ils décidèrent d’aller tout doucement à pied jusque chez eux ; le soir attiédissait les dernières heures du jour d’un printemps déjà brûlant.

Il faisait bon vivre.

— Eh bien ! demanda Mr. Orsat, où en sommes nous depuis huit jours que vous trottez par voies et par chemins ?

— J’ai gagné sur toute la ligne, mon cher beau-père. Les terrains du Puy-de-Dôme ne sont plus à Mulot-Blinkine, ils sont à moi ; je les apporte au Syndicat pour quinze cent mille francs alors que le Département les a vendus à mes adversaires deux millions. (Si le Syndicat marche, se disait-il, et il ne peut pas ne pas marcher puisque c’est moi maintenant qui cerne ses terrains, voilà neuf cent mille francs de gagnés et le Département payé).

— Mais le Syndicat va vous voter des félicitations. Ne vous en occupez pas. J’en fais mon affaire ; je vais le convoquer en assemblée générale ; nul doute qu’il accepte.

— D’autant plus que sur les quinze cent mille je vous demande seulement deux cent mille comptant, le reste échelonné sur un an. Le Syndicat comprend quatre cents parts, cela fait un peu plus de deux mille francs pour chacune ; effort dérisoire en douze mois.

— Au lieu des deux millions en trois mois que le Départe-