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LE MAL DES ARDENTS

j’aurais réalisé d’emblée le mal qui pouvait en advenir pour moi ; j’aurais évité Sernola ou je lui aurais fait choisir un autre nom. Cette indifférence vis-à-vis de mes parents aurait donc pu m’être fatale ? Comme quoi le sentiment peut jouer un rôle aveuglément utile dans les affaires. À retenir, cela. »

— Vous vous embarquez dans des hypothèses, dit-il à haute voix. Sernola ne m’avait jamais parlé de rien.

— Admettons que vous n’ayiez rien combiné, répondit-elle ; la méfiance de mon mari une fois éveillée eût suffi à le rendre circonspect. Et après qu’il connut ce vol étrange qui vous donnait à son égard une position si forte, qu’eût-il fait si je l’avais informé des liens d’amitié qui vous unissaient à ceux qui avaient effectué ce vol ou en avaient profité ?

— Quel roman vous bâtissez, fit Bernard, qui cachait son émotion sous un sourire. Et d’ailleurs, tout cela est bien loin déjà, quatre mois !

— Je sais bien que vous n’avez rien à craindre ; après ce que j’ai fait, vous comprenez que je ne viens pas pour vous menacer. Certes, j’aurais bien voulu avoir le mot de vos combinaisons secrètes ; comment vous y êtes-vous pris exactement pour serrer dans vos collets deux hommes d’une pareille valeur ? Je sens bien qu’il est inutile pour moi de vous presser davantage. Je vais donc en venir au second et au plus important objet de ma visite. Mon mari m’a laissé des affaires fort embrouillées. D’après ce que