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LE FINANCIER RABEVEL

Bernard flattait tendrement ses joues de ses doigts en murmurant de douces paroles ; elle le repoussa d’abord, puis le laissa faire, sans forces. Il se coula dans le lit sans cesser de parler comme s’il eût eu à faire durer un charme, l’enlaça étroitement de ses jambes et de ses bras et quand il sentit la chair nue s’abandonner peu à peu, posa sa joue contre la sienne et tout doucement commença de lui raconter à sa façon ses occupations de la veille. Elle finit par arrêter ses larmes, l’écouter, le regarder, parler, enfin, parler. N’aurait-il pas pu venir l’avertir ou lui envoyer un mot ? — Ah ! il savait bien, il était toujours le même, mais un excès de prudence, la peur d’être surpris par quelque hasard, de compromettre une femme comme elle.

— On m’a dit : « vous êtes seul, bien entendu ? » Pouvais-je répondre non ? La curiosité aurait été éveillée : Mazelier, Garial auraient voulu savoir. Une enquête de ce genre est vite faite en province. Donc, j’ai répondu : je suis seul ; alors je n’ai pu refuser le dîner, ni le théâtre, tu comprends ? et je suis rentré aussitôt. Préfèrerais-tu être compromise ?

Elle eut un frisson.

— Alors ? Tu vois bien que tu n’es qu’un mauvais petit chou. Répare.

Elle l’embrassa de bon cœur mais de mauvaise grâce ; il lui en coûtait de reconnaître ses torts et un vague doute subsistait au fond d’elle-même ; enfin peut-être le civiliserait-elle à force de ses soins ; mais que cela lui serait dur ! Elle se rappelait son attente de la veille, sa surprise de ne