dans ce petit patelin, eut l’occasion de la voir. Il paraît que c’est une vieille marguillière confite en bondieuseries.
« Bon, pensa Bernard, heureusement que me voilà averti ; il ne s’agit pas de mener là-bas ma folle maîtresse. On renverra Angèle à Paris. J’en sais assez ».
Il remit la conversation sur la question de l’exploitation de la flotte ; Bordes pensait comme lui que l’achat de quelques vapeurs était désirable même s’il fallait pour le couvrir vendre des voiliers. Bernard l’écouta avec attention. L’armateur lui parut bien attaché à cette idée : « C’est une question de rajeunissement, une question vitale ». Il répéta plusieurs fois : « Une question vitale ». Quand ils se séparèrent, sur le seuil, il lui dit encore : « Une question vitale, il faudrait trouver le moyen de la résoudre… »
En remontant la rue, Bernard faisait et refaisait ses calculs et ses projets :
— Très bonne, cette affaire, disait-il ; mais la majorité coûte deux millions au taux actuel. Rien à faire pour moi avec les cent mille francs que je possède. Il faut manœuvrer. Et d’abord aller voir la marguillière.
Il se rappela que le train pour Cahors était à quatre heures ; il avait juste le temps de passer à l’hôtel, de prendre son sac… Sapristi, et Angèle ? Il ne pouvait pas l’emmener, il fallait conquérir la marguillière, être sérieux ; Angèle ferait ce qu’elle voudrait. Réussir d’abord cette affaire était l’essentiel ; le reste pouvait attendre. L’image d’une Angèle en larmes passa dans son esprit et ne lui déplut pas ;