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LE FINANCIER RABEVEL

— C’est bien ce que je fais. Malheureusement ces titres n’ont pas de marché ; j’arrive à en vendre un tous les deux mois, et j’en ai une centaine ! L’affaire aura fait faillite avant que j’en aie liquidé le tiers ! Si seulement je pouvais la surveiller, entrer dans le conseil, exercer un contrôle ! mais il y a mille titres et j’en possède 92. Alors !

— Mille titres, dites-vous. Et c’est une compagnie de navigation dirigée par un Juif ?

— Oui, ces sales juifs ne se contentent pas d’apporter en France les germes de la dissolution, la loi du divorce, les poursuites contre les congrégations, ils grignotent aussi l’argent des bons chrétiens. Enfin qu’est-ce que vous voulez, il n’y a rien à faire là-contre.

— Comment s’appelle-t-il votre juif ?

— Oh ! il n’est guère connu que dans le monde des affaires, son nom ne vous dira rien. Il se nomine Blinkine.

— Blinkine ? Et l’affaire, c’est la compagnie Bordes, n’est ce pas ?

Bernard fit un geste de surprise.

— Eh ! dit-il, qui croirait que dans ce petit pays reculé on pût trouver quelqu’un qui connût Blinkine et l’affaire Bordes ? Ça, par exemple, ce n’est pas ordinaire.

— Oh ! c’est un concours de circonstances. Figurez-vous que j’ai hérité, après la mort de mon mari, d’un cousin qui avait quelques actions Bordes. Le Blinkine m’a écrit à plusieurs reprises pour que je lui donne mon pouvoir aux assemblées générales. Ma foi, je l’ai toujours donné.