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LE FINANCIER RABEVEL

— Peste ! vous êtes plus riche que moi ! mais votre pouvoir ne me servirait de rien.

— Pourtant, reprit la veuve, vous aviez déclaré regretter de ne pas disposer d’une influence dans la Société.

— Oh ! j’ai dit cela dans un moment d’humeur. Je me rends bien compte que ce n’est pas moi qui pourrai jamais empêcher notre malheureuse affaire de courir à sa perte avec le misérable juif qui la conduit. Rien à faire, chère madame, qu’à pleurer notre argent.

— Mais c’est terrible ce que vous dites là ! vous savez qu’en dehors de cela, moi je n’ai qu’un petit viager.

— Et moi je n’ai rien du tout !

— Oui, mais vous allez trouver une situation qui vous fera vivre et bien vivre.

— Sans doute… ou du moins, je l’espère.

— Écoutez, monsieur Rabevel, écrivez-moi de temps en temps, et prévenez-moi de ce qui se passera. Dites-moi ce que vous ferez si ça tourne mal et ce qu’il faudra que je fasse, voulez-vous ?

— Cela, avec plaisir.

Ils renouvelèrent leurs adieux. Le soir, les jeunes gens arrivaient à Bordeaux et, après une nuit d’amertume et de délice, ils se quittèrent.

Ils se retrouvèrent quelques heures plus tard au bureau de la Compagnie, sous les apparences du hasard. Angèle était au bras de son mari qui venait de débarquer et se montra joyeux d’apprendre que Bernard participerait désor-