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LE FINANCIER RABEVEL

prenait ses ordres, lui apprit que Mr. Georges venait d’arriver le matin même et désirait s’entretenir avec lui d’urgence. Il était dans la rue et n’attendait qu’un signe pour monter.

— Qu’il monte donc, fit Bernard.

Monsieur Georges introduit s’expliqua aussitôt à voix basse avec un grand air de mystère. Blinkine et Mulot avaient obtenu la réunion d’une session extraordinaire du Conseil Général. Au cours de cette session comment avaient-ils opéré ? On n’en savait rien. Toujours est-il qu’ils avaient enlevé de l’Assemblée l’option ferme d’achat sur tous les terrains départementaux et communaux contenant de l’asphalte, contre versement d’un acompte de 300,000 francs désormais acquis. Le prix des terrains était d’un million et demi. Les trois cent mille francs devaient être versés avant la session normale d’avril. L’option était valable trois mois et prolongeable d’autant. Mr. Georges finissait son récit en s’écriant sur un ton désespéré : « Ils nous tiennent bien ! Toutes nos concessions sont cernées par ces terrains., Nous sommes fichus ! »

La figure de Bernard était devenue de la couleur des cendres. Il ne dit pas un mot, sauta du lit, et bien que la faiblesse et la réaction brutale, après ces quelques jours de station allongée, le fissent tituber, il repoussa du geste M. Georges qui voulait l’aider, se vêtit rapidement, baisa le front d’Angèle sans desserrer les dents et sortit. Dehors, dit enfin à son employé :