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LE MAL DES ARDENTS

Ces Rothschild de Londres dont parlait autrefois Lazare ?… Il était bien vrai aussi que, parfois, on était à cheval sur l’honnête et le malhonnête. Et, là également, il se remémorait avec une sorte de gourmandise satisfaite les leçons que leur faisait le Père Régard sur la casuistique. Le Père jugeait nécessaire au développement de l’intelligence la connaissance de cet art en effet admirable qui soumet à son attention les retraites les plus secrètes de l’âme. Bernard y prenait un goût de l’examen de conscience, de la méditation ; il y multipliait son aptitude déjà grande à la prudence et, par ce tour devenu réflexe, exerçait sur son caractère l’empire le plus vigilant. En outre, une sécurité intérieure l’armait désormais ; il se voyait mis peu à peu en mesure de disséquer la pensée étrangère et il retirait de cette conviction une puissance qui se traduisait en sérénité. Il se tenait désormais pour inattaquable.

Il entrait dans sa dix-neuvième année, on était en Juin 1883, lorsque le Frère Valier qui, à plusieurs reprises l’avait déjà pressenti, lui demanda fort sérieusement s’il croyait avoir la vocation. « Je vous ai accordé un an pour vous interroger, dit-il, il est temps maintenant de vous donner à vous-même une réponse. Si vous n’avez pas la vocation on n’a plus rien à vous apprendre ici, et vous pourrez à la fin de l’année débuter dans une carrière où vous saurez faire beaucoup de bien et où nous ne vous ménagerons pas notre appui. Si vous avez la vocation, vous aurez à choisir : être prêtre et alors, passer une année