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LA JEUNESSE DE RABEVEL

sa race, il reconduisit les deux jeunes gens tandis que Bernard se confondait en remerciements.

Sur le pas de la porte, ils rencontrèrent François :

— Mes amis, leur dit-il, je suis content de vous trouver ensemble. Je repars après-demain matin, et bien heureux vous savez. Me voilà fiancé avec la plus belle, la plus gentille des femmes.

— C’est fait ? demanda Abraham.

— C’est fini, je suis le plus enviable des hommes. Mais ces trois ans de fiançailles sans retour vont me sembler longs !

— Bah ! dit Bernard, tu te consoleras avec des chochottes aux escales.

— Ça, fit François sur un bel accent de sincérité, c’est fini, mon petit ; j’ai promis et je n’ai pas deux paroles. Pas de sottise. Me voilà vierge et martyr jusqu’au mariage.

Il rit de son bon rire frais et charmant.

— Avec tout ça, ajouta-t-il, je ne vous verrai pas avant mon départ.

— Mais si, mais si, dit Bernard, nous viendrons à la gare après-demain matin.

Abraham tira sa montre.

— Je vous quitte, dit-il avec précipitation.

— Gare aux scènes de ménage, fit Bernard.

Il continua son chemin avec François. Celui-ci était exultant ; l’amour s’exhalait de toutes ses paroles ; il parla d’Angèle en des termes d’un lyrisme éperdu. « Quand on