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LE MAL DES ARDENTS

— Je vous assure… » Bernard alla à la porte du bureau, et, s’adressant à une personne.

— Je crois que je ne pourrai pas lui pardonner, brigadier ; je vais vous l’abandonner…

La femme se jeta à genoux.

— Non, monsieur, je vous en supplie, pas les gendarmes.

Bernard referma la porte.

— Allez, dit-il rudement, crachez le morceau.

— Ce n’est pas moi, monsieur. C’est Monsieur Fougnasse qui me fait signer pour cent kilos de viande quand il n’y en à que soixante-quinze. Pareil pour le vin, pour les légumes, pour tout. Alors, les repas, je suis bien obligée de m’arranger comme je peux ; on retient aux ouvriers, dame, ils ne sont pas contents, mais ce n’est pas ma faute, je le jure sur la tête de ma fille.

— Vous le diriez devant Me Fougnasse, tout cela ?

— Ah ! oui, pour sûr que j’en ai assez de me damner comme ça ; je savais bien que ça finirait par craquer.

Bernard fit appeler l’avocat.

— J’en sais assez, lui dit-il, devant la femme, pour vous envoyer coucher au violon ce soir. Je vous épargne. Je me contente de vous consigner dans votre chambre jusqu’à nouvel ordre.

Me Fougnasse voulut parler.

— Permettez…

— Assez, dit Bernard ; ou les gendarmes.

L’avocat se tut. Rabevel appela Georges.