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LE MAL DES ARDENTS

— Je regrette beaucoup, répondit le directeur, j’ai passé mes marchés.

Et, devant le visible ennui de Bernard :

— Mais mon collègue de St-Chamas n’a pas trouvé jusqu’à présent de fournisseur ; il m’a écrit (et je ne lui ai pas encore répondu), pour me demander des renseignements à ce sujet. Allez donc le voir.

Bernard sortit en remerciant. Comme il traversait la cour, un chargement d’asphalte attira son regard, une pancarte s’y balançait : Jarny et Cie. Il n’eut pas une seconde d’hésitation ; il retourna aux bureaux, se rendit su service de la Comptabilité.

— Monsieur, dit-il à un employé, je suis le comptable de Jarny et Cie. Je viens voir au sujet de notre mandatement. Est-ce qu’il est prêt ?

— Vous ne voudriez pas, répondit l’homme en riant, c’est à peine si vous nous avez fourni cinq wagons !

— Oui, mais en voilà qui arrivent encore aujourd’hui, cela va vite, vous savez, pour nous. Tenez, voulez-vous, je vous prie, que nous regardions le relevé de factures ? Je parie que nous vous en avons envoyé déjà près de cent tonnes ?

L’employé sans méfiance alla chercher le dossier ; Bernard, dès qu’il eut vu ce qu’il voulait voir, c’est à dire les prix de vente, ne songea plus qu’à s’excuser et à s’en aller. En wagon il faisait son calcul : évidemment, il fallait baisser sur le chiffre de Jarny pour emporter des commandes, mais cela se pouvait ; si seulement on avait le