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LE MAL DES ARDENTS

compte, d’une manière qui la toucha au plus sensible : il s’en aperçut seulement quand ils n’eurent plus rien à se dire, tout d’un coup, et il rougit violemment, ce qui amena sur les joues de la jeune fille une recrudescence de flot pourpre.

— Je dois avoir l’air assez bête, se dit-il. Avec leurs imbécilités de poètes, ils sont tous les mêmes.

Ils c’étaient Noë, Abraham, Angèle… tout le monde excepté lui. Il se tourna vers Mr. Orsat :

— Si nous parlions poésie à notre manière ? demanda-t-il.

Les dames se retirèrent ; ce fut seulement à ce moment que, en la suivant d’un regard involontaire, Bernard remarqua que la jeune fille de taille plutôt petite, était admirablement habillée : « Elle a un chic étonnant, se dit-il et quelles jolies jambes ! » Mais son hôte l’entreprenait et il oublia tout ce qui n’était pas l’affaire dont ils devaient s’occuper.

— J’ai beaucoup réfléchi, dit Mr. Orsat. Je crois que nous pouvons nous entendre ; nous fusionnerions avec votre Société sur les bases que vous avez indiquées et vous deviendriez le Directeur Général de l’affaire à des conditions à fixer.

— Ça ne va pas du tout ; vous n’avez pas affaire à ma Société, mais à moi.

— Comment cela ?

— Mais oui, à moi ; je deviens votre associé, j’entre dans