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LE MAL DES ARDENTS

— C’est égal, vous les avez trahis !

— Pas du tout. J’arrive ici, je rétablis la situation, je crée une affaire nouvelle qui marche. Ma Société aurait perdu 300.000 frs dans l’année ; elle en gagnera 100.000. Il me semble que je suis au contraire fort bon pour elle.

— Où s’arrête l’honnêteté ? songea Mr. Orsat, et lequel, de ce jeune homme ou de ses patrons, est l’exploiteur ?

Il reprit à voix haute :

— Si je vous comprends bien, vous désirez des parts syndicataires à titre gratuit. Mais, encore une fois, en dehors de votre valeur personnelle, c’est-à-dire des espérances, que nous apportez-vous de positif ?

— La certitude de vivre est quelque chose pour les malades que vous êtes !… Et je vous apporterai mieux : l’exploitation des biens communaux.

Mr. Orsat ne maîtrisa pas son étonnement !

— Quoi ! vous êtes au courant ?

— Vous le voyez. Et j’étais prêt à vous étrangler tout à fait grâce à ce lacet, au moment où vous m’avez tendu le rameau d’olivier.

— Mais comment avez-vous pu…

— Permettez-moi de me taire pour l’instant.

— Eh bien ! écoutez : faites-moi des propositions concrètes dans le courant de la semaine. Voulez-vous m’écrire ou que je vienne vous voir ?

À ce moment la silhouette de Reine passa devant la fenêtre.