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LA JEUNESSE DE RABEVEL

Sur le trottoir, le jeune homme s’arrêta et se tournant vers le banquier :

— Sale affaire, hein ? Et il n’y a pas d’assurances dans ce métier là ? Enfin, en tous cas, c’est trois mois d’immobilisation pour le bateau. Je crois qu’il n’y a qu’une chose à faire ; dès l’arrivée de la Scintillante à Bordeaux, déménager la cargaison sur un autre de vos bateaux s’il y en a de prêt à partir : il ne faut pas perdre une minute. S’il n’y en a pas de prêt, il faut en préparer ; au besoin, changer tout le programme actuellement prévu ; un départ pour l’Angleterre ou le Maroc peut se remettre ; cette cargaison-là n’aura déjà que trop attendu. C’est votre avis ? Oui. Eh bien ! je pars ce soir pour arranger tout cela. Faites le nécessaire par télégramme pour que l’agence de Bordeaux se mette à mes ordres dès demain. Je vous quitte.

Il alla au prochain kiosque à journaux et acheta quelques feuilles du jour ; ses yeux cherchèrent immédiatement parmi les annonces de dernière page :

— Voyons, dit-il, j’ai souvent remarqué pourtant cette annonce : je vais bien la retrouver.

Il examina sans succès le Soleil, le Petit Journal, l’Écho de Paris et il désespérait de trouver ce qu’il cherchait lorsqu’en dépliant le Gil Blas son regard tomba précisément sur une annonce ainsi conçue :

Rudge, 3 bis rue St Joseph. Missions confidentielles, divorces, renseignements, poste privée, filatures tous pays. Discrétion d’honneur.