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LE MAL DES ARDENTS

point car cela arrivait quand ils devaient travailler tard ensemble, et, ainsi, ils disposeraient des deux jours du samedi et du dimanche. Restait la question des dépenses.

— Moi, dit François, qui ne mentait jamais, je vous avertis que, pour ma part, je dirai tout à ma mère : à vous de vous débrouiller.

Abraham avait des ressources secrètes, opérant des combinaisons étonnantes de jeux, de paris et de change avec ses cousins. Mais Bernard se demandait, ayant fait quelques dépenses sur les maigres sommes qui lui étaient remises, où il trouverait ce qu’il cherchait.

Il se préparait à ce moment à sa première communion et, tous les soirs, vers les huit heures, allait assister à une retraite qu’on prêchait à Saint-Gervais. On était en Juin ; quand il retournait, sur les neuf heures, dans la rue des Rosiers, le passage était sombre mais les commerçants animaient la soirée, causant en groupes sur les portes. Une fois, en passant devant la boutique du chapelier Goldschmit, Bernard vit le chien Tom couché sur le seuil ; le chapelier, non loin de là, bavardait ; la boutique était déserte et noire. Une idée subite traversa son esprit ; il s’approcha de la bête et la flatta puis se mit à jouer avec elle ; le dogue prit goût au jeu ; ils entrèrent et sortirent à plusieurs reprises ; le chapelier qui les regardait s’amusait de les voir faire. Bernard recommença le lendemain et finit par faire de ce jeu une habitude où personne ne vit rien de suspect. Un soir, qui était la veille de la première