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LA JEUNESSE DE RABEVEL

Noë haussa les épaules.

— C’est tout simple : je ne me sens pas fait pour la vie conjugale, voilà tout. Je fais un sacrifice, bien sûr, mais je suis convaincu que Bernard ne l’oubliera pas, pas vrai Bernard ?

Le garçon qui pleurait en silence opina de la tête.

— Et puis, cela c’est sans importance, je souhaite de n’avoir jamais besoin ni de Bernard ni d’un autre ; et je ne demanderai jamais rien sans besoin. Mais j’estime qu’il faut avant tout l’équité et ici l’équité commande de faire instruire Bernard, quoi qu’il nous en coûte. Ai-je raison, Monsieur Lazare ?

Le maître d’école fit un signe approbatif.

— Maintenant, acheva Noë, ce qui est bien sûr, c’est que c’est une chance que Monsieur Valier nous offre la pension au prix qu’il dit ; parce que, au delà, matériellement, je ne pourrais pas et on dit que le bon Dieu lui-même, le vôtre, Monsieur Valier, n’ose pas demander l’impossible. Seulement, ce qu’il faut aussi c’est que l’enfant reste libre. Tu sais, Bernard, que tu vas être dans une pension où tu devras prier, te confesser, communier, chanter à vêpres, tout le saint-frusquin, quoi ! Et, sans t’offenser, bien que tu aies toujours été premier au catéchisme, le petit scandale de ta première communion ne prouve pas que ta dévotion soit bien profonde. Donc, si tu n’aimes pas les mômeries, à toi de refuser. Tu es libre.

Mais Bernard était tout décidé. Ces mômeries ne lui