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LA JEUNESSE DE RABEVEL

Ainsi, au bout d’une quinzaine de jours, il commençait à s’habituer à cette vie qui lui avait paru étrange et même à s’engourdir quelque peu, lorsque, un matin, vers les sept heures, comme il achevait un problème, la porte de la salle d’étude s’ouvrit et le Père Régard parut. Le surveillant vint à sa rencontre : « Voulez-vous m’envoyer mes pénitents ? » dit le Jésuite. Le surveillant alla chercher une liste dans son tiroir et prononça quelques noms. Des élèves se levèrent et suivirent le Père Régard. Au bout de peu de temps, ils revinrent l’un après l’autre. Le surveillant s’approcha alors de Bernard et lui dit : « C’est à vous ; vous êtes le dernier. Vous n’avez qu’à aller dans la chambre du Père Régard ; c’est la troisième porte, au premier étage ; il y a le nom sur une carte clouée. » — « Bon, se dit Bernard, il s’agit de se confesser, Allons-y. »

Il se sentait le cœur serré quand il frappa à la porte et que la voix incolore du vieillard lui répondit. Mais son anxiété redoubla dès le seuil. La chambre était tout-à-fait nue et à peine éclairée d’une chandelle qui jetait de grandes ombres fantasques sur les murs. On distinguait au fond, posé sur des planches au niveau du parquet un grabat couvert d’un manteau noir. Quelques effets pendaient à une patère ; une armoire minuscule à gauche de la porte devait renfermer le linge de corps ; deux chaises et un prie-Dieu complétaient l’ameublement. Nul ornement qu’au mur un christ en bois, tout simple, et un bénitier avec un rameau de buis. Sur la cheminée, une petite pile