Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/32

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bois de l’Assemblée nationale élevée sur la place du Palais, et les députés allant et venant. Les voyageurs passaient la tête hors de la portière. C’était curieux, en effet. Les révolutions sont des spectacles ; une de leurs séductions est d’amuser les yeux. Chacune de leurs journées apporte au divertissement populaire. Versailles montrait la majesté de la loi. Paris offrait des tableaux plus variés : rassemblements, défilés, rixes, haillonneux faisant queue à la porte des boulangers. On parle d’immortels principes ; mais le pain quotidien est la grande affaire. Lucile était à peine installée avec Mme de Farcy dans un hôtel garni de la rue Richelieu, quand une insurrection éclata. Il y en avait toutes les semaines. Ce jour-là, le peuple (c’est ainsi, je crois, qu’on nomme toutes les foules sans nom), le peuple se portait à l’Abbaye pour délivrer des gardes-françaises arrêtés par ordre de leurs chefs. Des artilleurs se mêlaient aux faubouriens. Quelques jours après, on eut cette charge de Royal-Allemand que le prince de Lambesc