Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/37

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mariés à Paris, où ils logèrent au petit hôtel de Villette, dans le cul-de-sac Férou, entre les tours de Saint-Sulpice et les arbres du Luxembourg, lieu discret, aimé des prêtres. Son frère émigra dans l’été. Lucile resta dans le faubourg Saint-Germain. Ginguené et Chamfort, qu’elle voyait, trouvaient la situation bonne ; ces gens d’esprit comptaient sur la sagesse du peuple. Dans le fait, la capitale était en proie à la plèbe. Quotidiennement les tambours appelaient les sections aux armes, des bandes de citoyens en bonnet rouge et armés de piques défilaient en chantant le Ça ira et la Marseillaise. Les crieurs criaient les Révolutions de Paris, par le citoyen Prud’homme, la grande colère du père Duchesne et l’Ami du peuple de Marat. Les prisons étaient pleines. Dans l’atmosphère de trouble qui l’entourait, Lucile, énervée, souffrante, en proie au mal des vierges, eut des extases et des visions. Un jour, étant devant une glace, elle poussa un grand cri, et dit :